L'Histoire de la famille Rothschild
Avant Propos
Avant de vous donner un image de la vie quotidienne des juifs à Francfort, où Mayer-Amschel était né, il faut aussi dire quelques mots du destin de cette famille extraordinaire.
Leur histoire, du point de vue actuel, sonne comme l'histoire du succès de n'importe quelle famille industrielle des Etats-Unis ou de l'Angleterre; mais on doit toujours considérer les circonstances peu favorables, dans lesquels cet ascension social et financier s'est passé.
Né comme un "paria" dans le gettho de Francfort, sans avoir trop d'espérances en une vie meilleure.
Avec les cinq fils, l’ascension financière et politique était continué à une vitesse exorbitante. L’unité entres les membres de la famille, même s’ils étaient séparés par des distances énormes partout en Europe, soi Paris, Francfort où Londres, soi Naples où Vienne, était un des facteurs les plus fructueux par l’établissement de la «haute banque«, cette puissance financière internationale. Même si leur expansion était toujours manifeste, on peut déjà voir un certain décalage, provoqué par une vie de plus en plus décadente et pleine de snobismes et d’arrogance , en regardant la troisième génération après le grand initiateur.
Les Rothschild ont utilisé toute leur puissance financière et politique pour combattre leurs concurrents et pour s’établir dans les nouveaux secteurs industriels qui s'étaient formés dans la seconde moitié du XIXe siècle pendant la révolution industrielle. A cette époque ils ont aussi attaché importance à leur ascension sociale, en utilisant leur influence aussi pour réussir dans ce «domaine«.
Ce décalage a continué, quelques fois interrompu par des membres de la famille comme par exemple Guy de Rothschild, qui pouvait sauver la plupart des biens familiaux pendant la deuxième guerre mondiale et qui par ailleurs a aussi donné une nouvelle direction, celle d’aujourd’hui à la banque; mais en général en peut dire, que la majorité des membres de cette famille pendant le vingtième siècle n’avaient plus cet esprit pionnier de leurs ancêtres.
Naturellement il faut admettre que les circonstances dans cet environ ment n’étaient pas toujours les meilleurs, comme par exemple les deux guerres mondiales et l’antisémitisme.
A Francfort la Judengasse , où vivait la communauté juive la plus importante d'Allemagne , était l'endroit le plus insalubre et surpeuplé de toute la ville.
La famille Rothschild occupait une maison délabrée dans la cour du n° 188. A l'époque de Mayer Amschel, Francfort était déjà un centre commercial important, une cité de marchands, de banques et d'artisans. En fait, la ville bénéficiait d'une situation géographique exceptionnelle, au carrefour de cinq voies principales, qui reliaient l'Angleterre et les Pays-Bas en Russie, et Venise et la France aux villes hanséatiques du Nord.
Grâce au Main Francfort s'ouvrait sur la plus importante artère de navigation fluviale d'Europe. Aussi les longues périodes de paix de la première moitié du XVIII e siècle en avaient favorisé l'enrichissement.
La ville comptait déjà trente-deux mille habitants vers 1750, parmi lesquels trois mille étaient juifs.
Même si le statut de cette ville était celui d'une "ville libre d'empire", elle vivait sous un régime despotique.
A cette époque, l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, la république tchèque ainsi que 238 entités politiques disparates, dirigés par près d'une centaine de rois et de princes, formaient le "Saint Empire romain germanique" avec la capitale Vienne, où vivait l'empereur, légitimé par la "Bulle d'or". Dans le cadre de cette union il y avaient aussi 51 villes libres d'empire, comme Francfort.
Une oligarchie de familles illustres et de négociants, représentant les confréries des marchands d'épices et de brasseurs s'y partageait le pouvoir local.
A Francfort, où ils vivaient depuis des siècles, exerçant surtout les métiers de commerçants, les juifs n'étaient pas de nouveaux venus.
Durant la période d'évangélisation de l'Europe, la communauté juive avait été la seule à refuser de renier sa foi - elle en avait payé le prix - le statut des juifs était passé, progressivement, du protectorat à une forme d'esclavage (serfs de la Chambre imperiale-depossedés de leurs droits, traités comme des marchandises).
Les juifs devaient se conformer à un code vestimentaire strict, qui excluait tout signe extérieur immodeste…
La vie de Meyer Amschel Rothschild
Le nom Rothschild remonte à Isaac Elchanan Rothschild, qui empruntait son patronage à une petite maison située au sud de la Judengasse, appelée "Zum Roten Schild" (trad.: à l'écusson rouge). On ne sait pas beaucoup de détails sur les ancêtres de Mayer Amschel, seulement qu’en 1664 le petit-fils de Isaac Elchanan, Naftal Hirz a quitté cette maison à l'écusson vert.
Kalmann, l'arrière-grand-père de Mayer Amschel, mort en 1707, était actif dans le commerce de vêtements de soie et de coton, mais principalement changeur, comme son fils Moses Kalmann, le grand-père de Mayer Amschel.
Le père du "premier Rothschild", Amschel Moses, était un modeste changeur, qui faisait aussi du commerce .
Lui et son épouse Schoenche avaient huit enfants, dont cinq ont survécu aux déplorables conditions d'hygiène de la Judengasse; Mayer-Amschel, né le 23 février 1744 était l’un de ses enfants.
Mayer Amschel a reçu une éducation juive traditionnelle, qui s'appliquait à transmettre l'absolue dévotion au Créateur, la connaissance de la Torah et du Talmud, et la stricte observance des commandements. Dès l'enfance il était initié aux affaires familiales. Après la mort de son père le 29 juin 1756 et de sa mère quelques moins plus tard, il a continué sa formation en entrant en apprentissage dans la compagnie bancaire de Wolf Jacob Oppenheim à Hanovre. Dans une succursale de cette entreprise, le jeune Mayer Amschel pouvait s'initier à la finance et à l'art subtil d'être un "juif de cour" pour échapper aux contraintes et aux humiliations.
Nulle part en Europe il n'y avait autant de juifs de cour qu'en Allemagne, parce que les princes couraient après les crédits afin de procurer des canons à leurs armées, des bijoux à leurs maîtresses et des produits raffinés, français et italiens à leurs cuisinières. A l'autre coté les juifs allemands pouvaient s'appuyer sur leurs réseaux familiaux en Europe pour financier ces extravagances personnelles et politiques.
A Hanovre, Mayer Amschel était sans doute plus heureux qu'à Francfort, parce que Hanovre devait à son appartenance à la couronne d'Angleterre un état d'esprit plus ouvert et tolérant.
A l'age de dix-huit ans Mayer Amschel était devenue expert financier, grâce à son intérêt par la numismatique et sa familiarisation avec le négoce international et l'usage des effets de commerce.
Enfin il avait l'occasion de rencontrer le général von Erstorff, un collectionneur passionné de monnaies, qui se prit d'amitié pour lui.
Après le "traité de Hubertsbourg" en 1763, qui a mis fin à la "guerre de sept ans", Mayer Amschel est rentré dans sa ville natale avec les gains, qu'il avait réalisés à Hanovre; par ailleurs, son permis de résidence à Hanovre avait expiré. Avec son héritage de quelques centaines de florins il est rentré comme associé dans les bureaux Calmann, où il pouvait pratiquer le métier, qu'il avait appris à Hanovre: le commerce de monnaies et médailles rares, de bijoux anciens, de gravures et d'antiquités.
Au moyen des pièces de monnaie anciennes il pouvait entrer en contact avec des personnages riches, tel que Guillaume de Hesse, le futur landgrave, qui jouerait un rôle déterminant dans sa carrière ultérieure. Il l'avait rencontré avec général d'Erstorff, qui lui a rendu visite à Francfort.
Après avoir eu quelques affaires, Mayer Amschel s'est adressé en 1769 au kronprinz, à fin de se voir attribuer le titre honorifique de "facteur de cour". Une distinction comme celle-là, etait important pour hausser sa position commerciale et en fait elle constituait un premier pas vers le statut de "juif de cour".
Le 29 août 1770 il a épousé Guttle Schnapper à l'age d'un peu plus de 25 ans, qui lui donnerait dix enfants.
Par rapport à ses affaires il a aussi organisé une sorte de "vente par correspondance" et dès 1771 il a publié le premier d'une série de catalogues.
En 1782 son frère Calman est mort et par conséquent Mayer Amschel restait le seul propriétaire de l'affaire. Parallèlement aux monnaies et médailles, il vendait des laines et coton, du sucre et des peaux de lapin. Enfin venait l'activité bancaire à laquelle il s'initiait en effectuant des transferts de capitaux et de lettres de crédit.
A partir de 1776, sous le règne de Guillaume de Hesse, mais aussi avant, la «vente» de soldats était devenue la principale industrie exportatrice. George III d'Angleterre, le cousin de Guillaume, était un des clients les plus importants de Guillaume; déjà fort rabroué par les Russes et les Hollandais, il n'avait aucune autre chance, qu'accepter les conditions exorbitantes de son cousin. Dans cette affaire, Rothschild était l'un des banquiers favorisés par le prince pour qu'il puisse escompter à bon prix ses billets de change.
Les relations entre Mayer Amschel et le prince demeuraient cependant distantes; il avait plus de chance avec un autre prince, Karl von Thurn-und-Taxis, dont la famille occupait la fonction héréditaire de maître de poste du saint empire depuis le XVIe siècle.
A cette époque l'empereur Joseph II à Vienne a promulgué un "édit de tolérance", qui reconnaissaient officiellement que "les juifs étaient des êtres humain comme les autres", mais Francfort était encore trop timoré pour s'adapter à cette nouveauté.
En 1783, quelques années après avoir été nommé "facteur de cour", Rothschild a bénéficié d'un de ces "laissez-passer", qui autorisait quelques juifs à sortir du ghetto même les soirs, les dimanches et les jours fériés et un an plus tard il pouvait aussi acheter une maison dans un quartier chrétien (Haus zum gruenen Schild trad.: Maison à l'écusson vert).
Au cour de l'automne 1785 le vieux landgrave de Hesse Cassel mourait et son successeur, Guillaume XI, l'ancien protecteur et client de Mayer Amschel, a appris avec plaisir qu'il venait d'hériter d'une fortune colossale. Pendant des nombreux essais d'entrer encore une fois en contact avec lui, Rothschild arrivait à administrer quelques billets de change pour le nouveau landgrave. Ces affaires étaient interrompues en 1792 avec l'invasion du général Custine à Francfort, qui forçait Guillaume de se retirer à Cassel, d'où il était libéré quelques semaines plus tard par les troupes prussiennes.
Heureusement Mayer Amschel avait aussi d'autres affaires comme celle de fournir à l'armée autrichienne du blé, des uniformes, des chevaux et d'autres équipements, dont l'armée autrichienne avait besoin; il était, par ailleurs, aussi chargé d'organiser le service de la solde.
Déjà âgé, Mayer Amschel involvait aussi ses enfants dans ces affaires. De ses fils, Nathan était sans doute le plus talentueux; il se chargeait des transactions avec les représentants anglais, qui passaient par Francfort pour proposer leurs produits. Après avoir eu des problèmes graves avec certains d'entre eux, Nathan a décidé d'aller lui-même en Angleterre et d'y acheter directement des marchandises. En conséquence, muni d'un capital de vingt mille livres sterling, presque la moitié des avoirs des Rothschild, il s'installait à Londres et à Manchester.
En même temps, par un acte délivré le 29 janvier 1800 à Vienne, l'empereur Franz II von Habsburg a donné à Mayer Amschel un brevet commun d'agents de cour de l'empire. Deux années plus tard Mayer Amschel changeait son nom en remplaçant le Meyer hébreu par un Mayer, qui avait une consonance plus germanique.
En 1803 il était promu par Guillaume IX au rang le plus élevé de la hiérarchie de juifs de cour de Cassel- celui d'un Oberhofagent. Naturellement cet honneur lui avait coûté beaucoup de florins.
Napoléon
A cette époque les campagnes militaires de Napoléon ont transformé en champs de bataille une grande partie de l'Europe, et l'économie dans son ensemble se ressentait de sa lutte acharnée contre l'Angleterre. Les Rothschild étaient directement concernés par ces bouleversements, à cause de leurs liens commerciaux avec L'Angleterre et leurs affaires sur le marché international des capitaux.
A cette époque Nathan s'est directement installé à Manchester, après quelques semaines d'apprentissage chez Lévi Barent Cohen, le banquier de son père à Londres. Grâce à sa position bien établie à Manchester, Nathan pouvait approvisionner les troupes anglaises qui s'amassaient sur le continent.
Mayer Amschel était en même temps en passe de transformer en établissement bancaire de premier ordre ce qui n’était encore qu’une maison de commerce et une agence moyenne d’escompte et de change. A Cassel, les affaires bancaires sont devenues une vraie lutte – ayant tout à gagner de cette rivalité, le landgrave laissait faire. Comme il était défini comme «pur capitaliste» pour qui faire de plus en plus d’argent était devenu une fin en soi.
Dans la guerre franco-prussiennes Guillaume de Hesse a essayé de prendre avantage des deux rivaux; malheureusement il était trop exigeant et en conséquence Napoléon a pris ses décisions contre lui. Guillaume de Hesse s’est enfui dans l’exile à Gottorp, dans le Schleswig-Holstein danois. Mayer Amschel a pourtant continué de mener ses affaires à Francfort, instruit par Bruderus, qui avait toute la confiance de Guillaume. Avec le capital de Guillaume, encore une des plus grandes fortunes européennes, la maison Rothschild devenaient l’une des toutes premières banques de Francfort.
Pendant tous les evenments, la situation politique de Francfort avait changé. La ville a perdu son statut de «ville libre d’empire«et avec lui l’humiliant statut de «serfs de la chambre«, réservé aux juifs, avait disparu.
Dalberg était désigné le gouverneur de Francfort; un autre changement important pour Mayer Amschel, qui voulait bien entrer en contact avec lui. Dalberg de son coté n’était pas du tout prêt à accorder aux juifs le mêmes droits qu’aux autres groupes religieux. Le seul avantage des juifs à Francfort était de ne plus être insulté de façon diffamatoire (en Westphalie par exemple l’égalité pleine et entière de tous les juifs venait d’être reconnu ).
Comme la présence de l’ancien landgrave de Hesse commençait à être gênante pour la maison royale du Danemark, il devait partir à Prague où l’empereur d’Autriche Franz lui avait offert l’asile. Mais les Rothschild restaient en contacte permanente avec Bruderus, le confident d’ancien landgrave, pour s’occuper de ses affaires. A cause de cette relation permanente, mais secrète, Mayer Amschel et tout le reste de sa famille était interrogé et contrôlé plusieurs fois par les fonctionnaires de la Westphalie, dont Francfort faisait partie à cette époque. Cette expérience lui à servi d’avertissement et en conséquence à l’avenir les Rothschild ne se mirent jamais plus au service exclusif d’un seul souverain.
Pour cacher la relation entre Guillaume et les Rothschild, Bruderus était officiellement devenu commanditaire de la maison Rothschild en 1809. Après l’intervention de Bruderus, les Rothschild étaient aussi responsables pour la gestion des fonds du landgrave à Londres – un autre facteur pour la fulgurante ascension de Nathan dans le monde de la finance londonienne.
En 1810, après avoir introduit ses fils dans le monde des affaires et après avoir vu leur talent Mayer Amschel changeait le nom de sa compagnie en «Mayer-Amschel Rothschild et Fils«; C’était aussi pour marquer la transition graduelle.
Vers l’émancipation des cinq fils
A soixante-six ans Mayer Amschel était affaibli et souvent malade; la lutte pour l’obtention des droits civiques ne connaissait cependant pas de repos, parce que le statut des juifs était toujours en vigueur. Après avoir devenu un membre éminent du comité exécutif, composé de cinq membres de la Judengasse, il a rappelé à Dalberg ses promesses solennelles passées de donner aux juifs les mêmes droits qu’aux autres citoyens. Paris faisait aussi pression à Dalberg pour qu’il réorganise les affaires de Francfort conformément au «Code Napoléon«et à la «déclaration des droits de l’homme«. En offrant une somme de 500.000 florins à Dalberg, dont les Rothschild ont payé la plupart, la communauté juive a réussi à obtenir son émancipation.
Comme Paris était devenu une véritable capitale du continent, les Rothschild ont décidé d’y fonder une autre succursale de leur banque; pour ce poste, Mayer Amschel avait désigné son fils Jacob.
Graduellement la santé de Mayer-Amschel déclinait et il ne pouvait qu’essayer de surveiller ses affaires et celles de ses fils de son lit. D’ailleurs, la police française l’a empêché gravement de faire ses affaires pour l’ancien-landgrave et il devait faire des grands efforts pour ne pas tomber entre les mains de la police.
Dans la vie politique il avançait quand Dalberg l’a nominé pour le poste d’un préfet à Francfort.
Dans son testament, le deuxième, qu’il a fait dans sa vie, il a vendu ses parts de l’affaire et ses autres biens à ses fils pour une somme ridiculement basse. Même sur son lit de mort il a insisté une fois de plus pour que ses fils restent unis à tout prix (cit. Le premier Rothschild\Mayer-Amschel fondateur de la dynastie:« Amschel, maintien l’union entre tes frères et vous deviendrez les hommes les plus riches d’Allemagne»).
Le 18 septembre 1812 Mayer-Amschel est mort à 69 ans. Pendant les funérailles la Judengasse était bordée de femme et d’enfants; presque tous les hommes de la communauté suivaient le simple cercueil. Il était enterré à coté de son aïeul Isaac-Elchanan. Avec Mayer-Amschel, l’initiateur de la réussite des cinq Rothschild est mort.
Les cinq fils de Mayer-Amschel Rothschild et la «Haute banque«
Originalement l’expression de la «haute banque« vient d’un ensemble de banquiers, résidant à Paris comme par exemple Jaques Lafitte, Hottinguer, Hentsch, James de Rothschild…
Leurs capitauxsont essentiellement d’origine familiale et coïncident avec les fortunes des fondateurs, accumulées dans le négoce. Ils étaient spécialisés dans le négoce international comme le trafic à large échelle des marchandises, des monnaies, des métaux entre états et entre continents. Ces banques avaient un caractère cosmopolites, des réseaux de correspondance d’amis et de parents en Europe, en Amérique et en Extrême Orient.
On peut dire que la maison Rothschild de cette époque était une véritable haute banque dès 1811, avec les cinq fils, qui étaient à la fois présente à Francfort(Anselme), Londres (Nathan) et Paris (Jacob) et quelques années plus tard aussi à Vienne (Salomon) et Naples (Charles).
Le rôle des Rothschild pendant et après le Congrès de Vienne (1814-1815)
Pendant quelques années après les guerres napoléoniennes la solidarité des vainqueurs de Napoléon restait intacte; la Sainte alliance était une union des souverains d’Angleterre, de Russie, d’Autriche et de Prusse contre la France.
Dans cette constellation les Rothschild se trouvaient avoir pied dans les deux camps-Anselme, Salomon et Charles à Francfort, puis à Vienne et Naples à partir de 1819\1820, Nathan dans la citadelle de la grande industrie naissante en Angleterre et Jacob à Paris.
Comme la maison Rothschild était l’une des rares «hautes banques« internationales, ils réglaient beaucoup de transactions après guerre entre Vienne, Paris et Londres. Grâce à leur influence on ne doit pas s’étonner qu’au printemps 1817, sans que les Rothschild de Francfort avaient eu avant le moindre contact avec Metternich personnellement, Salomon, Anselme, James et Charles ont été anoblis par décision imperiale et admis à faire précéder leur nom du célèbre « von «.
Cet anoblissement de 1817 marquait la première étape de l’élévation sociale de la maison. Un titre comme celui-ci pourrait être très utile à des gens qui étaient amenés de plus en plus à fréquenter les cours.
En novembre de la même année les frères ont sollicité de Vienne une grande faveur: que James à Paris et Nathan à Londres recevraient le rang de « consuls généraux « d’Autriche, qui devrait leur faciliter les contacts avec le monde politique et les milieux d’affaires. Pour l’instant le chancelier laissait ignoré cette pétition.
En même temps, James à Paris, qui comme tous les autres frères avait changé son nom hébraïque dans un nom neutre, a lutté contre l’image du banquier de l’ennemi d’hier. Pendant la « première restauration « en 1814/1815 on voyait James partout dans les ministères, les salons diplomatique et à la Bourse- il ne lui fallait pas seulement conquérir la faveur royale, mais surtout vaincre les jalousies de ses confrères.
Après avoir réussi la négociation de cette taille comme les 700 millions de francs, qui la France devait payer pour les escapades napoléoniennes en Europe, les dirigeants bancaires, financiers anglais, hollandais et français avaient pris goût à une telle sorte d’opération, comme il le faisait.
Bien qu’il eût remarquablement joué des cartes dans la «haute banque« depuis 1812, il voulait surtout être bien en honneur auprès du gouvernement de la Restauration- les Rothschild savaient depuis longtemps qu'avoir l 'amitié des gouvernements était absolument indispensable pour suivre les nouvelles et être au fait de ces opérations financières qui procuraient les plus beaux gains.
Le « Congrès d’Aix-la-Chapelle « fut le commencement du mariage de raison et d’affaires entre Metternich et les Rothschild. Ce congrès réunissait tous les grands banquiers du temps, les souverains du continent et leurs principaux ministres. A la vérité les banquiers n’etaient que des spectateurs, qui devaient rester en dehors des grandes converstions; mais ils avaient la chance d’entrer en contact avec des personnalités politiques, comme par exemple Gentz, le secrétaire de Metternich. Les liens entre la maison Rothschild et l’Autriche de Metternich devenaient de plus en plus étroite. Salomon était nommé commissaire payeur-général de l’armée autrichienne; James et Nathan sont devenus finalement des consuls généraux d’Autriche à Paris et à Londres. Charles a suivi les soldats autrichiens jusqu’à Naples où il restait.
Le 29 septembre 1822 les cinq frères étaient élevé par le gouvernement à Vienne au titre de Baron, ainsi que leurs descendants des deux sexes. Dès-là leur écusson portait en devise « Concordia, integritas, industria «. James s’était déjà bien acclimaté à Paris; c’est sans doute par souci de respecter scrupuleusement le principe de concorde, qu’il épousa Betty, la fille de son frère Salomon… Pour ses affaires James a choisi les bureaux dans la rue Lafitte; un endroit, où les Rothschild sont toujours. Pour montrer la puissance de la maison Rothschild, il ne faut que comparer son capital de 102 million avec celui de la deuxième banque, la banque Lafitte, qui n’avait que 7 million.
L’ère industrielle
Les phénomènes concomitants de la révolution industrielle, soi le télégraphe où la simplification des systèmes monétaires, sois les chemins de fer soi les lignes de bateaux avaient aussi une influence forte à la «haute banque«, qui était à cette époque souvent qualifié de traditionaliste. L’apparition de banques nouvelles unifiaient les marchés et nivellaient le prix et les cours.
Les arbitrages, jusque –là pratiqués de ville à ville, n’avaient plus de sens.
Les «courriers« de l'ancien temps étaient détrônés par le télégraph. Jusqu'à l’ère industrielle le banquier était surtout banquier du Prince (« banquier de l’état «), mais progressivement les affaires de finances publiques ont perdu leur importance relative par rapport aux affaires concernant l’expansion industrielle.
La révolution en France en été 1830 avec la chute des Bourbons et l’arrivé au pouvoir de Louis-Philippe et tous les autres mouvements libéraux et nationaux en chaîne dans toute
l‘Europe centrale, de l’Italie, à la Pologne, qui ont culminé lors de la révolte des belges arrachant leur indépendance au roi de Hollande ont tous menacées la puissance des Rothschild; mais à nulle autre époque cette puissance n’a accru d’avantage son poids dans la vie politique, et son efficacité.
La maison Rothschild n’avait qu’une pensée: s’adapter au nouveau cours politique et avancer avec le temps, et maintenir la paix en Europe.
De l’été 1830 jusqu’au printemps 1833, James, Salomon et Nathan ont joué le rôle singulier d’entremetteur officieux entre Louis-Philippe et Londres, mais particulièrement entre le «roi des barricades« et Metternich. D’un coté ils limitaient les risques financiers en cherchant à suspendre leurs grandes opérations sur emprunts, menacées par la baisse généralisée des cours, mais de l’autre ils prêchaient partoutla pratique de la paix.
En même temps, Nathan est devenu le premier « foreign banker « à Londres, un titre bien apprécié dans ce metier sur la plus grande place du monde. Il arrivait à adapter parfaitement ses affaires financières aux intérêts anglais, mais il restait cependant un banquier de vieux style sans aucune audace et aucune intuition industrielle. Il comptait parmi les six «maison«, qui tenaient le marché de l’or et il a excellé aussi dans les placements en Angleterre d’emprunts européens et sud-américains.
Vers les années vingt il s’était aussi lancé dans la création de compagnies d’assurances: l’ »Alliance», formée en 1824avec un capital de cinq millions de livres, etait fondée par le puissant groupe Nathan-Baring-Montfiere. Il a aussi renoncé, comme citoyen britannique, le titre de baron d’origine autrichienne. En juillet 1836 Nathan est mort à Francfort, où il a assisté au mariage de son second fils Lionel avec la fille de son frère Charles.
Comme caractère Nathan était une personnalité plutôt froide et arrogante. Dans la société anglaise à laquelle il était parfaitement intégré il n’ a jamais essayé d’être quelqu’un qu’il n’était pas. Nathan a ignoré les raffinements mondains et il a conservé des manières brutales et discourtoises. Agé, il est devenu irritable, misanthrope et violent.
A Vienne Salomon est devenu tout à fait l’intime de Metternich après la mort de Gentz en 1832. Il était aussi le premier de cinq frères à se lancer dans le patronage d’une societé ferroviaire; par ailleurs, la première établie en Autriche (la Suedbahn de Vienne à Brno était inaugurée en 1839).
En 1844 il a finalement reçu une privilège depuis longtemps sollicité-la permission de posséder des domaines dans l’Empire.
A Paris, James a participé à un projet établi par Laffitte en 1825 d’une vaste société financière à l’énorme capital de cent millions de francs, destinée à promouvoir la construction d’un réseau ferré. On a donné à cette compagnie un nom programme: Société commanditaire de l’industri e. Toutes les grandes personnalités de cette époque comme Periér, d’Eichthal, de Fourchambault, Oberkampf, Schlumberger, Baring étaient associées. Apres avoir cessé ce projet à cause de quelques fâcheuses circonstances politiques, la discussion recommençait encore une fois en 1835 sur le projet de la ligne de Saint-Germain. Cette ligne était considéré comme une «ligne-reclame«- car son importance économique était mineur-dont le succès devait permettre le lancement des grandes lignes; et aussi comme une entreprise pilote des nouveaux procédés de financement industriel. En août 1836 la ligne était inaugurée. La « Compagnie du chemin de fer du Nord «, avec ses activités partout en Europe et même en direction de la Belgique, était la réussite la plus remarquable de James. A part la ligne Nord James avait aussi quelques autres projets ferroviaires et industrielles;en novembre 1835 peu de jours après la constitution de la société du Paris à Saint-Germain le meme groupe jetait les bases d’un Paris-Versailles. En 1836 l’entente Talbot-Rothschild était scellée; les frères Talabot voulait moderniser les houillères de la Grand-Combe, mais la crise économique de 1838-1840 a reporté ce projet.
Avec quelques banquier protestants comme Bartholony et Waru, que James avait rencontré ligués contre lui lors de certaines opérations d’emprunts, il a fondé une compagnie ferroviaires Paris-Orleans; cet groupe visait à réunir et à controler les régions charbonnières et métallurgiques de l’Allier, de la Bièvre et de la Loire. Cette relation ne dura pas très longtemps à cause de quelques rivalités locales; par conséquent on s’est séparé et la groupe de Bartholony fondait le «trust«de la Compagnie des Mines de la Loire.
Les années 1848-1851
Pendant ces années, L’Italie, L’Autriche et les Etats Allemands voyaient se dissoudre les pouvoirs des princes et des rois. Le 13 mars Metternich a démissionné et devait s’enfuir; ensemble avec lui Salomon a aussi quitté Vienne. D’abord il avait pu mettre en sécurité sa fortune; ensuite il est arrivé à Francfort à la mi-octobre. Sept ans plus tard il y est mort.
Aussi en Italie le peuple de Palerme et de Naples avait donné des signaux de révolution en imposant au roi une constitution plutôt démocratique; mais le 15 mai 1848 Ferdinand II a pris sa revanche et Charles, puis James, ont pris le contrôle des affaires financières de l’Italie. En 1850 par exemple Charles a patronné un emprunt pontifical de 50 million de francs que Pie IX avait sollicité après son retour à Rome, d’où l’avait chassé la république. Au même moment le royaume de Pièmont-Sardaigne, vaincu par L’Autriche, cherchait un banquier prêteur. En conséquence James est venu à Turin dès août 1849. Les Rothschild étaient donc déterminés à faire du Piémont leur nouveau client et dans ces années James est devenu le grand argentier du trésor de Turin. Entre 1849 et 1853 sa maison a fait cinq des six opérations financières sardes externes.
Le comptoir francfortois, de son coté, a traversé sans grand dommage les troubles des années 1848-1850, et le vieil Anselme avait alors l’occasion de se lier avec le compte de Bismarck, lorsque celui ci était envoyé par la Prusse comme représentant à la Diète de Francfort. En 1850 et en 1852 Anselme a fait des emprunts prussiens; grâce à Bismarck il a obtenu le titre de Banquier de la Cour de Berlin en février 1853. Bien que Bismarck ait conservé de relations avec Anselme, il s’est méfié de la maison Rothschild en raison de ses attaches autrichiennes. A cette date, ce diplomate prussien voulait déjà fortement une unité allemande réalisée au profit de son pays par l’expulsion de l ‘Autriche.
Le destin de la maison s’était cependant vraiment joué à Paris; l’île anglaise avait une heureuse bourgeoisie et un prolétariat depuis l’échec du mouvement chartiste, dans les années trente, mais de Paris bougeait encore.
Les années 1852-1868/ la lutte contre les Péreire
La concurrence entre la maison Rothschild de Paris et les frères Péreire s’est déroulé très vite à l’échelle européenne. C’était en fait une rivalité entre deux groupes financiers semblables, entre deux hommes d’affaires de même type; une sorte de duel entre deux personnalités sortis des mêmes milieux. D’un coté le style «haute banque«(firmes de structures familiales privées, travaillant sans publicité ) et de l’autre, le style»banque nouvelle», firmes par actions, à l’organisation fonctionnarisée, faisant appel au public pour le drainage des ressources et les placements industriels.
Dans cette lutte, la chose la plus dure pour James était celle de l’adaptions à l’allure nouvelle des affaires.
Isaac Peréire avait 25 ans; avec son aîné, Emile, il s’était déjà fait un nom dans le milieu de la banque. Ces deux frères, pris comme exemple privilège ont été idéologiques du saint-simonisme. En 1830-1832 ils ont bataillé pour un système bancaire moderne, pour l’essor du crédit, pour la baisse du taux de l’intérêt et pour l’investissement industriel grâce au rassemblement des capitaux. Ils étaient, sans doute, les seuls grands banquiers du XIXe siècle à avoir voulu penser l’économie, et rattacher la recherche du profit par les uns à la promotion sociale pour les autres. Jusqu’à leur mort ils ont conservé quelques reflets du messianisme saint-simonien pour un monde meilleur.
Tandis que les Péreire ont bataillé contre la vielle banque, James s’est vu exclusivement un négociant des capitaux et marchandises. Tout dans les projets des deux frères venait à menacer les positions internationales de la vieille maison: les emprunts d’Etat, les sociétés ferroviaires, l’arbitrage commercial, le controle de la Bourse…..
Ces rivalités d’affaires allaient doubles très fréquemment les puises de position politiques. Toute une partie de la grande bourgeoisie, qui voulait maintenir l’ordre, a soutenu les formes autoritaire du régime.
James, de son coté, a lutté contre les Péreire en France sur le terrain boursier aussi bien que sur le terrain politique. Quelques heures après la parution du décret, autorisant le Crédit Mobilier, l’institution bancaire des frères, il écrivait une lettre à Louis-Napoleon-Bonaparte en décrivant le danger d’une telle banque en donnant au peuple trop de puissance. Avec cette note, James jouait son ultime carte en essayant d’influencer "l’influençable".
A la fin de 1855 James realisait, qu’il ne peut plus éviter de constituer à son tour une banque au "capital actionné"; avec quelques autres banquiers de vieux style il fondait la Réunion-Financiére.
A la front politique, Persigny, l’ambassadeur français à Londres, écrivait une lettre à Napoléon III en écrivant que le capital de James Rothschild et des autres membres de la haute banque étaient trop important pour le négliger au profit des Péreire. Par conséquent l’état a presque cessé de soutenir les obligations et les emprunts, qui ont représenté un capital considérable du Credit-Mobilier.
En 1864, l’ancien syndicat de la Reunion-Financiere a édifié une banque d’affaires, la Société Générale, au capital énorme de 120 million de francs, pour battre les Péreire sur leur propre terrain.
Entre 1860 et 1864 les Péreire ont joué leur dernière carte. Ils ont mené une vaste campagne contre la Banque de France, où Alphonse, le fils de James était employé, et en même temps ils ont essayé de lancer des projets dans le sud avec une ligne littorale de Cette à Marseille. Tous ces projets se sont écroulé; l’affaire du Cette-Marseille a échoué dès l’été 1863 avec les nouvelles conventions entre les grandes compagnies ferroviaires . En 1864 le Credit-Mobilier se compromettaient dans l’échec de l’emprunt mexicain, qui devaient financer la folle expédition de la mer des Antilles. Finalement la crise économique et la baisse des cours ont signifiés l’échec final du Credit-Mobilier et des Pereire eux-mêmes.
Dans les autres pays de l’Europe les Rothschild ont crée des institution similaires au Credit-Mobilier, comme le Kreditanstalt en Autriche et la Caisse du Commerce et de l’Industrie de Turin en Italie.
A cette époque James restait le seul représentant des fondateurs de l’ancien age. A Londres Lionel, le fils de Nathan, avaient déjà bien remplacé son père; à Vienne Anselme continuait les affaires de son père Salomon, mort en 1855; à Naples et à Francfort, les "vieux" Rothschild Charles et Anselme sont descendus en 1855. A la fin de sa vie, James a, par passion, commencé une autre tradition Rothschild en achetant les vignobles du Château Laffitte et en produisant du vin; durant le vingtième siècle Henri et Philippe ont continué cette affaire en produisant le fameux Mouton Cadet.
En général on peut dire que dans les années cinquante et soixante, l’efficacité de la "politique Rothschild" a graduellement diminuée avec la guerre austro-prussiennes en 1866 et la guerre franco-allemande en été 1870, où Alphonse et Lionel étaient dégradés en simples spectateurs d’une tragédie. Le rôle des Rothschild comme défenseurs de la paix était terminé.
Avec la mort de James en 1868 le dernier banquier privé de cette siècle mourait aussi. Heine a écrit sur James : "l'argent est le Dieu de notre époque, et Rothschild est son prophète."
Bilan après cent ans de "haute banque"
Depuis les années soixante-dix du XIXe siècle les Rothschild ne pouvaient plus jouer le rôle, qui était jusque-là le leur. Le «clan« Rothschild était entouré et dépassé par un puissant ensemble de banques au "capital actionné", comme le Credit Industriel et Commercial, le Crédit Lyonnais, la Banque de Paris et les Pays-Bas... Il n’était désormais qu’un groupe parmi d’autres.
La troisième génération depuis Mayer-Amschel était déjà parfaitement intégrée dans les sociétés de leurs patries; ils portaient les titre de citoyens et participaient à tous les aspects de la vie nationale. C’est aussi une des raison pour lesquelles les liens interfamiliaux n’avaient plus la même force qu’hier.
Les Rothschild anglais
A Francfort la firme Rothschild disparut en 1901 avec la mort du frère de Charles-Meyer, Wilhelm; ces deux hommes n’avaient pas laissé de fils. La seule forme dans laquelle la maison a survécu était la banque berlinoise Goldschmidt, parce que Goldschmidt avait épousé une Rothschild en 1871. D’autre part Nathan à .Londres avait eu sept enfants, dont trois fils. A sa mort en 1836 Lionel lui a succédé. Grâce à son éducation de riche "gentleman" il pouvait bien s’adapter à la haute société britannique; à la seconde génération les nouveaux riches s’étaient parfaitement adaptés à la vie actuelle des couches dirigeantes.
En ce qui concerne Lionel, il n’a traité qu’une grande affaire; celle de l’achat des actions Suez par le Khédive d’Egypte en novembre 1875. Il a patronné en Angleterre les émissions de trente-sept emprunts d’Etat- sans compter celles de titre de sociétés industrielles et ferroviaires. Entre 1860 et 1876 l’Italie, le Brésil, l’Espagne, l’Autriche et le Turquie ont passé par son intermédiaire obligé pour emprunter à la caisse britannique. Dans ces années les Rothschild avaient un rôle singulièrement important par rapport à la question d’Egypte. Ils ont beaucoup contribué à fixer dans cette partie du monde méditerranéen les "intérêts permanents" de l’Angleterre. Nathaniel, le fils de Lionel, qui l’a suivi à la tête de l’entreprise, après sa mort en 1878, était le premier Rothschild anobli en Angleterre. Son frère cadet, Alfred, s’est intéressé plutôt à la politique; dans ce métier il a essayé de rapprocher l’Angleterre et l’Allemagne.
A la fin du siècle
Les anciens "merchant bankers" sont restés toujours des négociants; ils étaient très active dans toutes les "branches clés" comme dans les affaires de tabac (importation de la Havane et des Etats-Unis) ou dans le coton. Quant au coton on peut dire que c’était l’objet d’efforts tout particulier de Nathan et puis de Lionel et James.
La "Compagnie du chemin de fer du Nord" restait jusqu’au XXe siècle la plus solide des compagnies ferroviaires. "Le Nord" était le seul des six grands réseaux français à ne pas avoir de lignes déficitaires. Dans le conseil d’administration du Nord, la maison Rothschild est resté largement représentée; même en 1933 on y a compté six administrateurs Rothschild.
Dans le dernier quart du XIXe siècle les Rothschild se sont préoccupé autant des affaires minières et des nouvelles richesses du sous-sol comme le pétrole ou les diamants, que par ailleurs, sur le terrain classique des emprunts d’Etat, ils se sont trouvés alors de plus en plus contraints de rompre et de composer avec les banques au capital actionné. Par conséquent une collaboration était souhaitable entre les anciens banquiers, qui par leur relations, pouvaient enlever les contrats d’emprunts, et les banques nouvelles, qui étaient en mesure de vendre les rentes au public. Une collaboration comme celle-ci s’est établie à partir de 1888, entre les Rothschild et les établissements de crédit français dans les emprunts russes. Naturellement on n’y est pas arrivé sans luttes préalables.
En 1878 Eugène Bontoux, un ancien employé des Rothschild dans l’entreprise Suedbahn, fondé de la branche autrichienne, a crée le groupe de l'Union Générale. Avec ses appuis à Vienne et Paris, Bontoux pouvait vraiment bouleverser la scène. Mais l'Union-Generale était impliquée dans la débâcle des bourses de Lyon et de Paris entre le cinq et le vingt janvier 1882; la banque faisait faillite et Bontoux était arrêté et condamné à cinq ans de prison pour s’être trop légèrement joué des prescriptions de la loi sur les sociétés anonymes de 1867.
Il est possible que les Rothschild, et d’autres, avaient contribué à couler Bontoux en bourse en jouant à la baisse; en fait cette chute de l'Union-Generale était une affaire politique considérable pour la France. En consequence les éléments conservateur, qui étaient enthousiaste à l'égard de Bontoux, ont accusé les «juifs«de leur échec. Alphonse de Rothschild était accusé d’avoir éliminé Bontoux pour conserver son intérêt dans les projets ferroviaires. Cette "affaire Bontoux" est devenu pour plus de trente ans l’ aliment privilégié du courant antisémite.
Les Rothschild dans la vie sociale
D’un coté, cette famille ne représenté rien, qui ne soit typiques de la riche bourgeoisie en général, mais de l’autre coté les grands seigneurs s’en sont moqués. Même s’ils étaient méprisés, en tant qu’hommes d’argent et israélites, la haute société n’était pas moins charmée d’aller chez eux, où la meilleure compagnie de Londres, Vienne et Paris se réunissait.
L’une des œuvres les plus importants et historiques était, sans doute, l’aide apporté à la colonialisation juive en Palestine à partir de 1882 par l’un des fils de James, Edmond (1845-1934).
Il a financé l’installation en Palestine; quelques temps plus tard, à la fin du siècle, le mouvement sioniste s’est développé sous l’impulsion de l’écrivain austro-hongrois Theodor-Herzl (œuvre: L’Etat Juif).
Il y avaient pourtant des différences entre Herzl et Edmond par rapport aux fondements de cet état. Edmond aurait defini le sionisme comme : "Un juif américain qui donne de l’argent à un juif anglais pour amener un juif polonais en Palestine".
En Angleterre Lionel-Walther Rothschild, fils de Lord Nathaniel, a aussi soutenu cette idée après la mort de Herzl, et c’était à lui que le chef du Foreign Office, Balfour, a transmis la célèbre "Declaration of Balfour", selon laquelle le gouvernement anglais rendait la Palestine comme patrie pour le peuple juif.
Le vingtième siècle
Alphonse, le fils de James, est mort en 1905. Pour décrire la branche parisienne on peut prendre l’analyse courte, vue par l’allemand Kaufmann: "Depuis de longues années la maison Rothschild n’apparaît presque plus à l’extérieure, et se consacre exclusivement à la gestion de la fortune des membres de la famille et de gros capitalistes de leurs amis, tout en faisant valoir, en opérations de banque, les capitaux représentaient le remboursement d’emprunts extérieurs destinés aux épargnants français" (cit.: La Banque de France, paris 1914)
Depuis 1901 les Rothschild s’étaient tenus à l’écart des emprunts russes, pour des raisons bien connus-l’antisemitisme officiel en Russie. Par contre, avec tous les grands établissements de Paris, les Rothschild avaient eu leur part dans les emprunts japonais et brésilien.
Après la mort du baron Alphonse, la societé "De Rothschild Frères" avait la forme d’une societé en nom collectif entre Edouard et ses oncles.
La première guerre mondial
Pendant la première guerre mondiale Edouard a soutenu l'Etat français en lui prêtant le nom de l'institution pour cacher des crédits effectués aux Etats-Unis (Unis sur les champs de bataille, nous le sommes aussi financièrement!) .
La guerre a déjà contribué à déprécier le franc; son cours privilégié par rapport à l’or et aux monnaies étrangères n’avait dû de se maintenir pendant la guerre qu’au soutien financier, anglais et surtout américain. L’inflation avait continué, même après le conflit terminé: elle était, en fait, un moyen commode de payer la guerre après coup, en réduisant proportionnellement les dettes de l’état.
Par rapport à la stabilisation il y avait un désaccord entre Edouard de Rothschild et Moreau, un des régents principal de la Banque de France. Edouard était proche de cet groupe, selon laquelle il fallait revenir à la définition du franc d’avant guerre, ou, du moins, à une définition la plus proche possible de ce niveau(= revalorisation). Pour les autres il fallait fixer une nouvelle parité entre l’or et le franc à un niveau bien plus bas qu’en 1914 (= dévaluation). Avec la perte de Rothschild et Wendel, un banquier sympathisant d'Edouard, et le triomphe de Moreau, le début de la fin de l'hégémonie des Rothschild avait commencé.
A Vienne Louis von Rothschild, avait des graves problèmes après avoir soutenu l'Etat Autrichien en fusionnant la Kreditanstalt, aussi une fondation Rothschild, avec la Bodenkreditanstalt, qui appartenait à l'Autriche et qui était aussi gravement affectée par le Krach de Wallstreet, pour la sauver de la crise financière et pour maintenir Vienne en tant que place de commerce.
Malheureusement le Frankfurter Allgemeine Zeitung publié le 23 septembre 1933, annonçait la faillite de l'entreprise Rothschild en Autriche. En échange de tous les domaines Rothschild à l'état, Louis était absous de toute responsabilité relatives aux difficultés de la Kreditanstalt.
La deuxième guerre mondiale
Avant la seconde guerre mondiale, le second fils d' Edmond de Rothschild, Maurice a repris la succession se son père dans la banque De Rothschild Frères. Dès 1936 Maurice a cédé ses droits dans l'association à ses cousins Edouard et Robert.
En 1937 on avait aussi nationalisé la Compagnie du Chemin de fer du Nord lors de la création de la Société Nationale des Chemins de Ferre Français, sous la pression du front populaire. Un coup rude mais, qui, en dernière analyse, a aidé plus les Rothschild qu'il les a affaibli, parce que dès avant 1914 le marché financier du Nord était allé en se dégradant.
En 1940 dans le Paris occupé, les bureaux de la Rue Laffitte, désertés par leurs propriétaires ont abrité le Secours National. La banque elle même était installé dans la région de Vichy, avant même l'arrivé du maréchal Pétain. Tous les Rothschild de France, à part Guy, qui avait le rang d'un officier dans l'armée française, étaient déchus de la nationalité française par décret du 6 septembre 1940. En 1944 les bureaux re-ouvraient leurs portes et Edouard et sa famille sont revenus.
Les Rothschild d’aujourd’hui
En 1945 Guy et Robert faisaient entrer dans la société leurs fils: Alain et Elie; et en 1946 la banque a opté pour le statut légal de banque d'affaires. En 1949 Edouard est décédé et à son fils Guy était transmis la totalité des droits dans l'entreprise. A partir de là, Guy représentait la moitié du capital de l'entreprise.
En même temps, René Fillon, l'ancien administrateur est devenu conseiller de l'Union Française et a, par conséquent, quitté les Rothschild. Il était remplacé par Georges Pompidou, ancien lève de l'école Normale Supérieure, jusqu'à son engagement politique. Il réunissait, au titre de représentant de la banque de nombreuses sociétés comme Royal-Dutch-Shell, la SAGA…etc.
En 1973 , Guy fondait un nouveau groupe "Imétal" pour coiffer les activités minères des Rothschild et en 1975 le maison est entrée pour deux tiers dans la Discount-Bank-France, une succursale du Groupe Générale occidental de Jimmy Goldsmith.
En 1978 David, le fils de Guy et son cousin Nathaniel, le fils d'Elie, sont devenus les nouveaux directeurs de la banque.
Après la vague de nationalisation de tous les secteurs clés de l'économie en 1982, sous la présidence de François Mitterrand, on a décidé de former une véritable banque d'investissement à New York,à partir d'une vielle succursale. Ensemble avec les cousins de l'Angleterre les Rothschild créaient Rothschild Inc. Avec le recrutement de Robert Pirie, une des célébrités de la Wallstreet et de Nathaniel Rothschild, le fils d'Elie et un vrai américain (Harvard-Business-School diplôme….)on avait aussi des personnalités assez fortes pour établir cette nouvelle institution sur le champs de bataille de Manhattan.
En 1992 David, un vrai français, a été désigné le vice-président (trad.:deputy chairman) de N.M.R and Sons, la banque de la branche anglaise de Londres. Mais malgré cette nouvelle alliance entre les deux branches à Londres et à Paris, on avait encore besoin de partenaires forts pour pouvoir faire face aux rivaux américains; Cela explique les joint-ventures avec ABN-AMRO, ING-Barings..etc
En plus de David, il y a aujourd'hui encore trois autres Rothschild, qui occupent des postes stratégiques dans la banque: Edouard, le demi-frère, qui est associé-general à Paris; Eric, qui est chargé de défendre la marque et de gérer Château Laffitte; et Philippe de Nicolay, aussi un demi-frère, qui s'occupe de la gestion d'actions.
Selon la tradition Rothschild, David entend à tout prix maintenir le ciment familial contre tout velléité d'introduction à la maison en Bourse.
Epilogue
Le mythe d’une famille comme les Rothschild n’est pas facile à expliquer- quels sont les facteurs qui ont fait d’une famille d’origine juive une dynastie à l’envergure internationale? Le fait, qu’ils soient devenus exceptionnellement riche et de surcroît aristocrate, ne peut pas seul l’expliquer.
A notre avis on ne doit pas négliger leur engagement social orienté vers le soutien de la communauté juive, et vers d’autres activités en Palestine. Par ailleurs leurs escapades dans la haute société, qu’il nous a été impossible de mentionner ici de façon exhaustive.
L'élément, qui nous a paru le plus digne d'intérêt est l'évolution d’un petit changeur, travailleur, simple et souvent extrêmement courtisan en face des rois et princes qu’il avait servi, sans pour autant en recevoir forcement de gratitude, en un «clan« riche, influent , parfois arrogant et décadent à l’image des aristocrates, que leurs ancêtres avaient servi.
L’histoire de la famille Rothschild exprime combien les choses peuvent changer tout en les mêmes - au bout des deux siècles les courtisan sont devenus les «prince de la haute finance«; mais il y a toujours des courtisans et toujours des « prince«.
On ne peut pourtant pas dire qui était responsable de cet essor dynamique de la famille Rothschild. Etait-ce Mayer-Amschel, le souvent mentionné initiateur, ou plutôt ses parents, qui ont commencé avec des affaires fiancières et qui lui ont donné cette formation, pour arriver à ses fins? Ou étaient-ce les cinq fils de Mayer-Amschel, qui ont fait de la maison Rothschild une entreprise internationale, la «haute banque«, et sans lesquels le succès de Mayer-Amschel n’aurait jamais été si impressionnant? Ou était-ce Guy de Rothschild, qui put conserver les biens de la famille même pendant le régime de Vichy et qui a «re-initié» la tradition Rothschild après la nationalisation dans l’ère Mitterrand dans les années 80?
Évidemment il n’y a pas de réponse correcte à cette question rhétorique, parce que chaque Rothschild, même ceux, qui se sont amusés pendant toute leur vie, comme par exemple Henri de la branche française, a attribué sa part au succès et au mythe de la famille.
Même aujourd’hui sous le «régime« de David de Rothschild, cette «institution« bancaire a encore une certaine importance - derrière la plupart des grandes opérations financières en France et en Europe, comme par exemple le mariage entre Carrefour et Promo Dés, le rachat de Vickers par Rolls-Royce, on retrouve les «princes de la haute finance«; et si on en croit David, le chef présent de la dynastie, qui essaye à toute force de conserver la banque Rothschild comme une banque privée, l’histoire commencée par Mayer-Amschel dans la Judengasse à Francfort, n’est pas encore finie.
Bibliographie critique
Trouver des ouvrages sur une famille si célèbre que les Rothschild ne pose aucun problème; il y en beaucoup d’auteurs, qui s’en sont intéresses des débuts et du progrès jusqu’au deuxième guerre mondiale; mais après, l’information devient de plus en plus rare et contradictoire.
Dans la presse il n’y a pas non plus d’informations concrètes et intéressantes, qu’on pourrait utiliser pour écrire une biographie d’une famille comme celle-ci.
Même sur Internet nous n’avons pas trouvé d’information sur les activités et institutions actuelles associés au nom «Rothschild».
Journaux: *Roche, David; "David de Rothschild, baron français de la City"; Le Monde (mardi 26 octobre 1999); n 17028, p.15
Critique:cet article donne une impression générale de la famille du point de
vue présent, mais ne contient pas des information spécifiques
Livres: * Annuaire bancaire DAFSA 1983; Paris; 180 p
Critique: sur les Rothschild il n’y a que très peu d’information
* Annuaire bancaire DAFSA 1993; Paris; 196 p
Critique: ce livre donne plutôt des informations économique, qu’on ne peut utiliser que pour des recherches exactes de chiffres
*Lottman, Herbert; La dynastie Rothschild; Paris, 1995; 330 p
Critique:il était intéressant de lire ce livre, parce que l’auteur traite le sujet d’un autre point de vue que Bouvier ou Elon; son point de vu c’est celui entre histoire et mythe. Comme information supplémentaire ce livre est extrêmement recommandable. Par ailleurs, l’auteur s’occupe aussi des cotés un peu plus profanes de la vie et pas seulement de l’essor rapide et les efforts de la famille.
*Les banques du monde; 1986; Presses universitaires de France Col.: Que sais-je?; 211 p
Critique: comme ce livre traite une grande nombre des banques, il n’y a pas assez de place pour décrire le développement des Rothschild; pour commencer un projet histoire, qu’on ne connaît pas bien, c’est quand même un œuvre recommandable
*Bouvier, Jean ; Les Rothschild; 1992, Bruxelle; Col.: Historiques 311 p
Critique: comme Jean Bouvier est un historien d'économie, il se perd parfois dans les détails des nombres. Le valeur historique est quand même
*Wilson, Derek; Les Rothschild; 1989; 290 p
Critique: un livre bien structuré et détaillé. Wilson donne des informations concrètes et intéressantes, sans, comme par exemple Bouvier, mentionner trop de détails.
*Bergeron, Louis ; Les Rothschild et les autres: la gloire des banquiers 1990
Col.: histoires et fortunes; 270 p
Critique: Malheureusement Bergeron nous ne donne pas beaucoup d'information sur les Rothschild, mais plutôt sur les autres banquiers.
- Arbeit zitieren
- Martin Oswald (Autor:in), 1999, L'histoire de la famille Rothschild, München, GRIN Verlag, https://www.hausarbeiten.de/document/109609